Aucun homme d'État n'a, d'une main aussi forte que Richelieu, travaillé à fonder en France le pouvoir monarchique et l'unité nationale; aucun n'a mieux ouvert à notre pays les voies de l'avenir. Voyons, d'un coup d'œil rapide, où en était le royaume de France à l'avénement de ce grand homme.
Au XVe siècle, la France, par un effort suprême, après une guerre de cent ans, une guerre de vie ou de mort contre l'Anglais, était venue à bout de rejeter l'étranger de son territoire; mais elle sortait de cette lutte épuisée et dans un état demi-barbare; ses campagnes dévastées étaient cultivées à peine par de pauvres paysans asservis au dur régime de la féodalité; les villes respiraient plus librement et jouissaient de quelques franchises; un commencement d'industrie et de commerce y faisait circuler un peu de richesse; le pouvoir royal n'avait lui-même qu'une force et qu'une existence contestées; entouré de grands vassaux qui ne cherchaient qu'à s'agrandir à ses dépens, il avait sans cesse à se défendre contre leurs révoltes à main armée et leurs ligues avec l'ennemi du dehors.